Rendez-vous devant un hangar dans la zone industrielle de Thiers... Nous sommes au Centre historique du Monde Sapeur-Pompier, un musée à nul autre pareil en Auvergne. Didier Lambert nous accueille, il est le fondateur et président de ce site d'exception géré par l'association E.F.M.A. (European Firefighters Museum Association) qui présente une importante collection de tenues, matériels, véhicules et équipements de pompiers.
Pourquoi
le nom de sapeur-pompier ? La question est sur toutes les lèvres,
Didier Lambert nous éclaire, le nom de pompier vient des « gardes pompes
». Des hommes devaient s'occuper des pompes. Autrefois représenté avec
une hache, le pompier était chargé d'abattre des pans de bois des
maisons pour éviter que le feu se propage. Il sapait autour pour
contenir l'incendie, d'où le nom de sapeur.
« Les premières pompes à bras sont arrivées de Hollande sous Louis XIV » Ces pompes à bras étaient alimentées en eau par une chaîne humaine avec des seaux remplis à la rivière ou à la fontaine. Grâce à l'apparition des premiers tuyaux en cuir riveté puis des pompes capables d'aspirer l'eau, la lutte contre le feu a gagné en sécurité. Les pompiers pouvaient intervenir encore plus loin des flammes avec le progrès des lances et des tuyaux en toile.
Les pompes à vapeur sont venus d'Angleterre, plus puissantes leurs lances projetaient l'eau plus loin sur le feu. Ce matériel était toujours tiré par des chevaux. Pour partir très rapidement en opération sans épuiser l'attelage, les remises étaient en pente et les roues étaient calées. « On décale ! Lançait alors le chef de corps au départ de l'intervention. Le mot «décaler » pour partir vite, hérité du jargon des pompiers, est entré dans le vocabulaire courant...
Avec l'arrivée de l'automobile, la pompe était animée par le moteur du véhicule. Dans les années 20, les pompiers disposaient ainsi de « l'autopompe » rapide et efficace pour l'époque. La remarquable Ford T rallongée du musée a appartenu à Oliver Hardy du légendaire duo burlesque « Laurel et Hardy » des grandes heures du cinéma. Cette Ford T de pompiers aura figuré dans d'inoubliables séquences.
Pour couvrir le bruit des rues et se faire entendre de loin, les pompiers ont eu recours à un puissant piston à deux cornets d'où la célèbre sirène à deux tons « Pin Pon » signal de l'arrivée des pompiers. Ce système a été plus retentissant que le klaxon des véhicules d'incendie et de la cloche héritée du moyen-âge quand croyances et traditions en imposaient l'usage.
Pendant la seconde guerre mondiale, pour les pompiers, le rouge n'était pas de rigueur selon les corps d'armée. En gris, un engin américain est à la couleur de son unité et moins repérable par l'ennemi. A Londres, sous les bombardements, des femmes ont remplacé les pompiers avec des équipements de fortune ...
« J'ai commencé à collectionner quand j'avais 16 ans, dès que je suis devenu sapeur- pompier volontaire » Didier Lambert nous dévoile des connaissances encyclopédiques mais son propos reflète tout un vécu, sa passion communicative nous entraîne dans l'univers pompier. Il connaît tout des 45000 pièces exposées, du moindre casque jusqu'au camion de 14 mètres...
Dans le musée, tous les véhicules sont rouges sauf les premières pompes. Vers 1860 le matériel pompier était encore vert et noir aux couleurs de l'Armée de Terre. Le rouge vermillon est apparu à cette période avec les premières pompes à vapeur importées d'Angleterre. Depuis, plus vif et voyant, ce rouge vermillon a été adopté par les pompiers pour tous les matériels. Le rouge est aujourd'hui la couleur universelle de tous les pompiers du monde.
Statuettes et trophées de sapeur-pompiers sont à l'image de leurs devises « Sauver ou périr » pour les Pompiers de Paris ; « Courage et dévouement » pour toutes les brigades. Le pompier est représenté un enfant dans les bras. Lors d'un sinistre, les personnes passent avant les biens « Il n'y a pas de mission impossible quand il s'agit de sauver une vie ».
A la fin de la visite, autour de notre amical goûter, nous partageons une admiration encore plus grande pour l'aventure humaine des sapeur-pompiers ...