Samedi 21mai 2016 - VISITE DE NOYANT d’ALLIER : la mine, le restaurant, la pagode



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LA MINE

            C’est une belle journée de printemps qui commence. Belle lumière claire du matin, fraîcheur qui va se lever, le car stationné attend ses passagers.
            En bon ordre, le groupe va s’installer. La plateforme élévatrice qui permet de se hisser vers les sièges facilite tellement les transferts.

            En route pour 2 petites heures le long des champs, tous verts confondus : vert frais, vert prairie, vert tendre des bourgeons et toutes nouvelles petites feuilles. Sur fond bleu clair du ciel et ruban gris de la route.

            A Noyant, la première rencontre, c’est avec un groupe qui pratique l’échange : pas d’argent, que du troc. 
Ce matin, des godets remplis de terre avec des semis à peine levés, des herbes sauvages (euphorbes, thym…). C’est une population cosmopolite mêlée d’autochtones et de rapatriés d’Indochine. [Si vous voulez en savoir + 1]. Ils sont installés près du carreau de la mine.
           
Un petit train jaune (anciens wagonnets pour le charbon) attend ses voyageurs pour se bringuebaler 10 minutes sur de minces rails qui font le tour du « carreau » de la mine. D’énormes masses de métal (roues, véhicules, locomotives, machines d’extraction, cages d’ascenseur…) sont disposés « sur le carreau », vrai cimetière de rouille qui n’ensevelit pas ces témoins de ferraille 
 
il faut transmettre l’histoire des hommes qui ont fait fonctionner ces roues gigantesques, et autres tapis métalliques, pour transporter le charbon trié… par les femmes.

            Au début de la visite, une vidéo présente l’origine du charbon : sa formation, faite de végétaux accumulés, recouverts d’eau, puis se tassant ; et le cycle sans fin répété, créateur de filon - ou « ruban » - parcourant des régions entières.

            Le dur labeur physique, les évolutions techniques vont façonner un monde souterrain dur et cruel parfois, pour les animaux comme pour les hommes. [Si vous voulez ensavoir + 2].

            Signe distinctif du site : à 30 mètres de hauteur s’élève le chevalement en béton qui fait la transition entre la galerie et l’air libre. 
Il est le seul en France, les autres sont en métal – et dû à Eugène Freyssinet, ingénieur contemporain d’Eiffel.
            Machines d’extraction à pointes de tungstène 
, locomotives, le CT 12000 de 37 tonnes, cages d’ascenseurs 
, la boulonneuse, le chargeur-catapulte qui bascule pour décharger son godet de charbon, le « tue-mineurs », tous ces matériels gisent là. 
            Le tue-mineurs porte bien son nom : 
des fonctions qui s’enchaînent par la mécanisation des tâches, ça supprime les postes de travail éreintant. Le progrès a libéré l’homme des tâches les plus pénibles, mais les conséquences sociales pourraient fort bien être comparées à celles que nous connaissons aujourd’hui. (En 1949, il n’y avait plus aucun mineur à Noyant. Le village se dépeuple rapidement et tombe à 750 habitants).


Le travail du mineur obéit à des fonctions bien cadrées dont les vocables sont tout aussi expressifs :
le boutefeu, c’est lui qui fait avancer la galerie, il perfore la roche, positionne les explosifs. Quand l’explosion se produit, c’est comme un « coup de bouchon » ;
le piqueur, qui progresse accroupi ou allongé. Souvent il est malade de la silicose. Plus tard ce travail sera exécuté par une roue à pointes de carbure de tungstène qui écorche la roche ; le tapeur sera remplacé par le marteau-piqueur ;
le chargeur sera remplacé par le tapis roulant ;
les trieuses : ce sont les femmes (et aussi les enfants à partir de 13 ans) qui vont trier le charbon à la sortie de la mine. Pour se chauffer gratuitement, elles envoient leurs enfants, la nuit, ramasser ce qui n’a pas été pris par la machine.

            Toutes les tâches se complètent, et pour sa sécurité, le mineur porte son casque 
. (avec ses transformations : au début en feutre, puis en aluminium, enfin en plastique avec 2 coques), la frontale (lampe qui verra plusieurs évolutions), 
les jambières métalliques 
, sa plaque avec son numéro l’identifiant,
laquelle, si elle ne retrouve pas sa place à la fin du temps de travail, donne l’alerte. Tout concourt à la prévention des risques (au maximum des techniques du moment), le plus souvent mortels.

            Les principaux dangers sont de trois ordres :
- le « grisou », le mieux connu de tous : l’explosion du gaz méthane retenu dans un filon,
- l’inondation : la mine s’est formée, au fil des millénaires, sur un marécage avec tassements successifs,
- l’éboulement : fatal si la galerie est insuffisamment étayée ; il peut survenir sous la pression énorme du gaz. 
Pour tester la sécurité, on pouvait envoyer un condamné à mort équipé de bougies ; celui-ci ressortirait libre si le test était satisfaisant. On pouvait aussi le remplacer par un canari qui, avant de mourir, chante/hurle très très fort. Les gaz toxiques sont évacués par une colonne bruyante (100 décibels, soit l’équivalent du bruit d’un moteur d’avion).

La mine de Noyant connut 2 catastrophes fatales aux mineurs :
            - La première, avant la Deuxième Guerre mondiale, suite à un important incendie : restés coincés             sous la roche, aucun secours ne pouvait  les atteindre dans un délai raisonnable.
            - La deuxième, avec un groupe de 30 mineurs, ne vit que 17 survivants ayant résisté pendant 40      jours sans aucun aliment.

            Après la guerre, le puits fut fermé, noyé, puis rebouché avec le terril et entouré de 2500 briques pour sécuriser l’ensemble. L’eau conservant son niveau empêche les éboulements.

            A la fin de sa journée harassante, le mineur remonte les presque 1000 mètres par l’ascenseur, traverse la « salle des pendus » pour se rendre à la douche. Puis il récupère ses vêtements propres qu’il avait suspendus aux crochets.
Les crochets montent et descendent, eux-mêmes fixés au bout d’une corde : en position basse pour la pose et la récupération des vêtements, et en position haute pour les préserver. Dans les mines, les rats couraient partout, les vêtements « pendus » n’étaient pas endommagés ; d’autre part, si un vêtement était lavé en même temps que le mineur prenait sa douche, il pouvait sécher en hauteur, prêt pour le lendemain matin.

            A l’issue de cette belle visite, nous sommes allés voir une entrée de galerie, située au niveau du sol, reconstituée par les bénévoles de l’association « Les amis de la mine de Noyant » qui veut faire vivre ce patrimoine si précieux. Beaucoup réparent, remettent en route locomotives 
  ou cycles sur rails. Ce dernier engin a permis de développer de nos jours une activité touristique rapportant quelques subsides pour le fonctionnement de l’ensemble. Notre guide, seul salarié, n’a pas ménagé sa peine répondant à toutes sortes de questions : il aime cet échange qui lui permet de ne pas s’installer dans une routine de récit.  
  [Sivous voulez en savoir + 3].

            Après une attention soutenue à ces nourritures de l’esprit, nos estomacs criaient famine… Caroline et sa famille qui tiennent un restaurant - « Le petit d’Asie » - nous avaient concocté un menu fort apprécié de tous, abondant et joliment présenté : le plaisir des yeux associé à celui des papilles ! Puis un petit tour dans la boutique !   
   
  
  

            Allez-y, envoyez vos amis, personne ne regrettera sa journée ! Pour peu que le soleil soit un peu de la partie !


LA PAGODE

            Le soleil est encore très haut lorsque nous arrivons à l’entrée de la Pagode. « PHAO TU » inscrit en haut du porche signifie « lieu d’où vient la Lumière ».
Celui-ci franchi, c’est une multitude de statues, blanches ou dorées, représentant Bouddha qui ouvre le chemin.
            Ainsi que Caroline : fille d’un couple franco-vietnamien, celle-ci ne connaît pas le pays de son parent asiatique. Elle fait ses études en France et transmet du mieux possible sa connaissance des ancêtres. La famille vietnamienne voue un véritable culte à la Famille et aux Anciens. 

            Le parcours déambule entre les nombreuses représentations, pour certaines fort impressionnantes par leur taille.
(P1010252.JPG - 27) 
là son amour de la nature et des animaux avec un éléphant agenouillé à ses pieds. Et puis le grand Bouddha doré, enveloppé dans une cape, dorée elle aussi.
Elles figurent des « paraboles », des attitudes ou comportements de Bouddha : ici, la déesse de la miséricorde, un doigt plié rejoignant le pouce,
            En ce moment, c’est une période de fête que le mois de mai. Plusieurs statues sont revêtues de cette cape légère. 
            Le bouddhisme célèbre deux événements centraux : la naissance et la mort. La population peut formuler des vœux, et dans le cas où ils se réalisent, c’est une manifestation de gratitude que de revêtir les statues.

            Enfin un grand Bouddha allongé clôt le périple,
bientôt suivi d’un exposé plus spirituel. Alors entrons, calmement, dans LE lieu de recueillement…

            La Pagode fut construite par les rapatriés vietnamiens (le rapatriement date de 1956), pour s’ouvrir au public en 1983.
 
[Sivous voulez en savoir + 4]. Les premières années, elle est accessible toute l’année, en permanence. Les femmes assurent une présence active : vente de petits articles et visites commentées pour se faire connaître autrement que sur un seul plan marchand. C’est toute ne conduite de vie guidée par la recherche de soi, sans dieu ni maître que nous fera découvrir la moniale.

 

           
            Nous rencontrons la Moniale – petite femme fluette de… 83 ans ! – qui offre tout son art et son charisme pour expliquer ce qu’est le bouddhisme – sans prosélytisme – surtout en évoquant l’histoire de son fondateur : Bouddha. « Pas un dieu, non, un prince ! ».

            L’histoire de Bouddha, son enfance que d’aucuns diront qu’elle fut « dorée », nous est contée avec ce qu’il faut de légèreté, de suspense, dès qu’une orientation ou un choix déterminant doit s’opérer. L’attention soutenue de l’auditoire ne trompe pas. La moniale « séduit » ; oh ! Comme elle n’aimerait pas ce mot…

            Pour l’écouter, elle nous avait invités à prendre un thé ou un peu d’eau fraîche autour d’une longue table. Tandis que le récit avançait, les participants placés aux extrémités se rapprochaient insensiblement vers elle. Les sièges, bien rangés au début, se sont réunis comme une grappe autour de notre conférencière.

            C’est une association qui gère cet ensemble, ses membres font vivre les lieux, chacun avec ce qu’il est, avec ce qu’il a.
            Aucune subvention de l’Etat ni d’administration locale hormis la Mairie, qui, modestement la soutient. Ce sont les visiteurs, la vente des petits objets (figurines, chapeaux, cartes postales… vendus à la boutique) qui apportent un peu plus d’aisance. Tout l’entretien est assuré par la communauté.

Samedi 21 mai 2016 – NOYANT d’Allier – liens « ce que vous voulez savoir en + »

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LA MINE

            [Si vous voulez en savoir + 1]
            Après un siècle de domination française en Indochine (Cambodge, Laos, Vietnam), le conflit est perdu par la France, c’est Dien Bien Phu : il se solde par les accords de Genève du 7 mai 1955. Les Français doivent quitter le pays. Ils reviennent en France avec conjoints et enfants. Ce sont les rapatriés. (Distinguo : les rapatriés sont des Français qui rentrent au pays natal ; les réfugiés sont des étrangers qui fuient leur pays et viennent chez nous demander asile).
            Ils vont être répartis sur les 2 sites principaux que sont Sainte-Livrade dans le Lot et Noyant d’Allier. Noyant, petite ville minière a besoin de bras. La Deuxième Guerre a privé le lieu de ses hommes. Aux Polonais vont venir s’ajouter une communauté de Vietnamiens qui eux aussi connaissent bien le travail de la mine.

A leur arrivée, ils n’ont plus rien, leurs biens sont restés là-bas, ils sont peu vêtus, les Asiatiques ne connaissent pas le froid. Pour leur logement, les corons désertés par les mineurs sont les bienvenus : leur état se dégradait, les nouveaux occupants les restaureront, le village reprendra vie. Pour l’instant il y a nécessité de traducteurs ; les enfants suivront les cours de français à l’école, pour les adultes d’autres méthodes devront s’instaurer.
Le village devient le nouveau point d’ancrage pour cette population qui s’est installée durablement, prenant soin de leur habitat, aménageant de façon coquette leur environnement. 


            [Si vous voulez en savoir + 2]
            Les mineurs descendent « au fond » empruntant la « cage » (ascenseur) où ils s’entassent à 6 ou davantage. Ils y feront également descendre les chevaux qui eux ne remonteront jamais. Tout au long de leur triste vie ils seront privés de la lumière du jour, ils trimeront jusqu’à mourir des mêmes symptômes que ceux des humains, à moins qu’ils ne meurent prématurément, tués lors d’un coup de grisou, ensevelis dans une galerie.
            Comme les cages sont construites pour les humains, le cheval de taille bien supérieure, le « meilleur ami de l’homme » y sera casé, son train arrière posé sur le plancher. Sa tête touchant le plafond, ses jambes sont calées sur les parois verticales de la cage… Pauvres bêtes… 
            Pour descendre de 1000 mètres sous terre, il faut peu de temps : à raison de 10 à 12 mètres par minute, tous rejoignent rapidement le chantier. 
            Le premier travail aura été de créer le soutènement de la galerie qui s’édifie avec des bois à lignage comme l’acacia, le sapin… Si le bois s’apprête à céder, ses longs craquements sont un avertissement pour les mineurs qui devront évacuer la galerie au plus vite. 

            Le charbon  une fois pioché le long de la veine est acheminé avec les berlines (tirées par les chevaux ou des hommes sur les rails). 
, Les berlines sont chargées dans la cage, remontées et vidées de leur contenu avant de redescendre pour aller récupérer une nouvelle cargaison.


            [Si vous voulez en savoir + 3]
            Le site de la mine est entretenu par l’association des « Amis du Musée de Noyant », laquelle fut créée en 1988, guidée et conseillée par d’anciens mineurs.
            Elle récupère auprès des familles tous les matériels que les pères et grands-pères utilisaient dans leur labeur quotidien : lampes, casques, jambières…

            Les Anciens ont répété l’Histoire de leurs propres ancêtres : dès le XVème siècle, au bord de la rivière la « Queugne », des paysans qui travaillaient leurs champs voient affleurer ici et là une roche noire rendant leurs surfaces impropres à la culture. Ils tombent sur des filons, suivent leur tracé, ce qui va les encourager à creuser : les propriétaires forent des puits, piochés verticalement, à intervalles réguliers. Les filons ou rubans courent horizontalement de l’un à l’autre.
            Dans le périmètre proche, plusieurs mines ont fonctionné : le puits d’Arcy, Luxières-les-Mines… d’où l’on extrait un charbon de qualité supérieure : l’anthracite. Il en reste encore 900 tonnes.


[Si vous voulez en savoir + 4]
La Moniale et son enseignement de Bouddha.
Bouddha est un prince, pas un dieu. Il règne sur un très petit territoire à la frontière du Népal et de l’Inde (Tibet). A son époque (né en 623 avant J.C.) il se nommait Siddhârta. La doctrine est assez proche de celle des catholiques et protestants, mais il n’y a pas de dogme : on ne suit pas l’enseignement aveuglément. Si vous êtes d’accord, que l’énoncé vous convient, tout va bien. Si vous n’êtes pas d’accord, allez chercher votre Vérité ailleurs, ce chemin n’est peut-être pas le vôtre et personne ne vous en voudra, il n’y a pas de rejet.

            La quête essentielle de l’humain est de savoir comment se libérer de sa souffrance, pourquoi existe-t-il une souffrance ? Et comment se libérer de nos envies ?
            Cela vient de notre ignorance, de croire à la permanence des choses comme la jeunesse, la beauté… qui seraient éternelles ! C’est la confusion des besoins réels, nécessaires et suffisants, confusion bannie de la communauté monastique. Accepter de réduire nos envies (le superflu), c’est déjà réduire une part de souffrance.
            La méditation  est au cœur de la pratique, elle apporte soulagement et remise en perspective des événements, personnels ou collectifs.